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La Croatie diverse (suite)
8 avril 2024

Dalibor Matanić

Dalibor Matanić

 

 

Né à Zagreb en 1975, Dalibor Matanić y obtient son diplôme de réalisation cinéma et télévision à l'Académie d'Arts dramatiques. Il est membre de l'Académie européenne de Cinéma. De 1996 à 2000 il réalise avec succès plusieurs documentaires et courts métrages. Il a réalisé cinq long métrages qui ont remporté plusieurs prix internationaux et croates :

  • Blagajnica hoće ići na more (2000)

  • Fine mrtve djevojke (2002)

  • 100 minuta slave (2004)

  • Volim te (2005)

  • Kino Lika (2008)


 

 

 

2. Dalibor Matanić • Réalisateur de The Dawn

La compassion, l’amour et la tolérance enlèvent toutes les toxines”


 

Entretien avec le réalisateur croate Dalibor Matanić à l’occasion de la première mondiale de son nouveau film, The Dawn, en compétition au Festival Black Nights de Tallinn

Dalibor Matanić est un des réalisateurs croates les plus prolifiques actuellement. Il est l’auteur du titre qui marque sans doute le plus gros succès du cinéma croate depuis l’indépendance du pays : Soleil de plomb (2015), vainqueur du Prix du jury dans la section Un Certain Regard à Cannes. Ce film est la première partie d’un projet de trilogie et sa "suite", The Dawn, est à présent en lice au Festival Black Nights de Tallinn.


 

Cineuropa : Dans Soleil de plomb, vous traitiez du passé et du présent. Dans The Dawn, vous envisagez le futur proche. Est-il plus facile d’analyser le passé ou de prédire et d'imaginer le futur ?


Dalibor Matanić : Dans The Dawn, je continue d’explorer la question de l'influence que l'on peut avoir à travers l'art sur notre réalité. Pourrions-nous éviter la formule historique qui nous enseigne que tous les 40 ou 50 ans, un nouveau conflit survient en Europe du Sud-Est, à la faveur d'une montée de l’intolérance et des différents extrémismes ? Y a-t-il une forme de courage et de connaissance qui pourrait nous permettre de repérer les nouveaux populistes et les nouveaux fascistes, qui ont peut-être simplement changé d’uniforme ? Je me fie à la vérification mathématique du passé pour prédire l'avenir, mais 2020 nous a montré que le futur est imprévisible, inconnu et susceptible de générer un sentiment d'insécurité. En préparant The Dawn, je ne pensais pas que mon propre "lendemain sombre" arriverait réellement demain. Cependant, je fais ce que je fais parce que je crois qu'au bout du compte, les gens veulent juste l'amour, l'espoir et la paix, et le genre de choses qui maintiennent cette planète en vie.


 

The Dawn se passe dans la même région que Soleil de plomb et décrit de nouveau une séparation entre "nous" et "eux", mais cette fois, la ligne de partage n’est pas seulement ethnique. De quelles manières la société croate d’aujourd’hui et celle de demain sont-elles scindées ?


Comme partout ailleurs dans le monde, la société est divisée entre ceux qui se cachent dans la foule, craignent de se regarder dans un miroir et de faire face à leurs peurs et à leurs frustrations, et ceux qui sont plus courageux. La Croatie est en voie de modernisation et les gens sont plus conscients que si quelqu’un clame être un "grand Croate", il y a quelque chose de suspect là-dedans. La Trilogie du soleil parle de péchés et d’absolution sur trois générations dans ma famille. Soleil de plomb parlait de ma grand-mère, The Dawn parle de mon père, The Dusk parlera de moi. Le moins que je puisse faire, c’est me repentir pour l’obscurité qui a existé dans ma famille. Je ne suis pas intéressé par les péchés de mes voisins, mais par les péchés commis par ma nation et la possibilité d’absolution pour le mal que nous faisons.


 

Le seul lien de ce film avec Soleil de plomb n'est pas juste le milieu dans lequel ils se déroulent, mais aussi le style, le directeur de la photographie, l’actrice principale… Cette fois, cependant, il ne s’agit pas d’un triptyque, si ?


Il y a un triptyque, dans l'âme du héros et par rapport aux dispositifs dans lesquels il tombe tout en essayant de se parachever comme personne, afin d’affronter les challenges de temps nouveaux et tumultueux. Pendant les années 1930, les nazis s’adressaient à des gens insatisfaits qui avaient faim, qui étaient au chômage, qui n’étaient pas éduqués et qui étaient frustrés. Ce n’était pas difficile de transformer ces gens en bêtes. L'Europe est de nouveau face aux mêmes défis. Si la pandémie entraîne notre ruine économique, est-ce que les bêtes vont refaire surface, encouragées par le populisme et les fake news ? L'homme calme et complet va surpasser les extrémistes ; c’est l’objectif premier de notre héros, Matija.


 

Même dans l’apocalypse, vous parvenez à trouver de la beauté, de manière à aborder la tragédie avec joie. La soi-disant joie que vous décrivez est toutefois assez toxique et destructrice. Comment cela se fait-il ?


Nous ne savons pas à quoi ressemble le "nouveau mal", le nouveau vampire, fasciste ou démon. Est-ce qu’il est de droite ou de gauche ? Quels uniformes sont dangereux ? Est-ce que les gens qui viennent nous guider vont se marrer ou se prendre au sérieux ? Dans un monde saturé d’informations, où des attractions visuelles artificielles dictent le contenu, nous ne savons pas à quoi ressemble "le nouveau Hitler". Ce que nous savons, c’est que la compassion, l’amour et la tolérance enlèvent toutes les toxines. À travers mes films, je m’efforce d'oeuvrer pour que le monde reste stable.


 


 

Par Marko Stojiljković

Source : cineuropa.org, le 30 novembre 2020.

 

 

 

3. Croatie : un réalisateur primé à Cannes avoue plusieurs agressions sexuelles


 

Dalibor Matanic, l’un des réalisateurs les plus célèbres de Croatie, a reconnu avoir eu des « actions inappropriées » à l’égard de plusieurs femmes, après des révélations dans la presse l’accusant de harcèlement envers des actrices.


 

« Aucune justification ni excuse ». L’un des réalisateurs les plus célèbres de Croatie, Dalibor Matanic, a avoué dans un long post sur Facebook avoir agressé sexuellement plusieurs femmes, demandant « pardon » aux victimes. Le cinéaste, primé à Cannes en 2015, s’est exprimé après la publication de plusieurs articles de presse, déclenchant un tonnerre de réactions.

« Tout ça a eu lieu à des moments où j’étais sous l’influence de l’alcool ou de drogues. Notre travail est terriblement stressant - mais cela ne justifie certainement pas mon comportement », a écrit sur Facebook le réalisateur de 49 ans, ajoutant qu’il avait décidé d’entrer dans un centre de désintoxication.

« Je regrette sincèrement et infiniment mes actions inappropriées, qui ont bouleversé et mis mal à l’aise certaines femmes. Je n’avais pas conscience de ma mauvaise approche envers mes collègues en dehors du plateau. Il n’y a aucune justification ni excuse pour mes actes », a-t-il ajouté, cité par le quotidien croate Večernji list. « J’ai déjà personnellement présenté mes excuses à certaines femmes et leur ai demandé pardon », a-t-il également déclaré. Il a assuré avoir « pleinement compris que ce que je faisais était inacceptable » et promis de faire en sorte que « de tels comportements et actions ne se reproduisent plus jamais ».

Dalibor Matanic avait été primé à Cannes en 2015 pour son film « The High Sun » (prix du jury Un Certain Regard) et distingué pour sa série « The Last Socialist Artefact » par le festival Séries Mania en 2021.

« Il se présentait comme un allié »

Le cinéaste a supprimé son profil Facebook immédiatement après avoir présenté ses excuses, avant de se connecter à nouveau ce lundi, a signalé Večernji list, qui avait publié trois jours plus tôt une enquête sur lui. D’après celle-ci, le cinéaste était accusé depuis des années de harceler de jeunes actrices. Depuis ses révélations, il a été écarté de « nombreux projets » mais a aussi été soutenu par « des actrices, journalistes et musiciens célèbres », note le journal. Le cinéaste a précisé « se retirer complètement » pour suivre « un traitement ».

Si ces révélations ont créé une onde de choc en Croatie, c’est que le réalisateur avait régulièrement fait la critique de la culture patriarcale et des violences faites aux femmes à travers ses films. En octobre 2023, il était même apparu en couverture du magazine féminin Gloria aux côtés de la chanteuse croate Ida Prester, sur une Une consacrée à la lutte contre « la violence faite aux femmes ». Le magazine a annoncé depuis mettre fin à toute collaboration et couper tout contact avec lui. « C’est un choc terrible, car il se présentait comme un allié », a réagi la militante des droits des femmes Sanja Sarnavka.

La violence et les agressions sexuelles ont longtemps été considérées comme des sujets tabous dans les Balkans, où les valeurs patriarcales restent ancrées dans certaines parties de la région. Ces questions ont cependant pris davantage d’importance ces dernières années après l’avènement du mouvement #MeToo et une affaire en Serbie voisine où une actrice a accusé son ancien professeur d’art dramatique de viol, ce qui a incité des milliers de femmes à raconter leurs propres histoires.


 

Source : leparisien.fr, le 8 avril 2024.


 

 

 

4. Filmographie

 

 

Fine mrtve djevojke (2002)

 

Un couple de jeunes femmes loue un appartement dans un petit immeuble de Zagreb. Elles perturbent un monde en vase clos et déclenchent, malgré elles, intolérance, violence et jalousie. La prostituée, le mari violent ou le couple de propriétaires bornés, flanqués de leur fils introverti, tous dépasseront les limites au contact de Marika et d'Iva

 

Volim te (2005)

 

Kreso, la trentaine, appartient à la jeunesse dorée de Zagreb. Tout lui réussit. Même si son histoire d'amour s'effiloche, cet as de l'informatique mène une vie de rêve. Son existence bascule lorsqu'il apprend sa séropositivité. Caméra nerveuse, sur fond de techno et de Tequila, Dalibor Matanić signe un instantané de la société croate. (bande-annonce)

 

Kino Lika (2008)

 

Dans un village perdu en montagne vivent un jeune joueur de football, un paysan avare et une grosse fille. C'est la campagne du référendum pour ou contre l'Union européenne et les gens s'en moquent complètement. Le jeune joueur de foot qui a tué sa mère accidentellement refuse de rejoindre un riche club étranger, au risque de perdre l'affection de son père. Le destin de la grosse fille esseulée va se jouer dans la porcherie et le paysan avare va découvrir que la véritable misère est celle de la solitude. (interview)

 

Majka Asfalta (Mère asphalte - 2010)

 

Mère asphalte raconte la déchéance d’un jeune couple de Zagreb, Mare et Janko, et de leur fils, Bruno. Une réalisation très soignée par Dalibor Matanic procure des sensations fortes. Dans une Croatie enneigée, le scénario nous fait subtilement entrer dans la question ultime du bonheur et du prix à payer pour rester ensemble.

Avec trois Fipas d'or amplement mérités, Mère asphalte a été le grand gagnant de la 24ème édition du Festival international de programmes audiovisuels (FIPA).

L’actrice Marija Skaričić a été à juste titre couronnée Meilleure interprétation féminine pour son jeu sobre et franc d’une femme battue, digne, humaine et combative jusqu’aux ongles.

Jura Ferina et Pavao Miholjevic ont obtenu le prix de la Meilleure musique originale.

 

Ćaća (Papa - 2011)

 

Une jeune fille entraîne son petit ami et sa soeur dans la région inexploitée de Lika, où vit leur père depuis qu’il a abandonné sa famille des années auparavant. Ayant appris qu’il était malade, ce voyage est, pour le jeunes gens, la dernière chance qu’ils ont d’en savoir plus sur l’histoire de leur famille.

 

Zvizdan (Soleil de plomb - 2015)

 

 

 

 

 

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