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La Croatie diverse (suite)

21 avril 2024

Les élections législatives du 17 avril 2024

Premier ministre contre Président, comprendre une élection législative inédite en Croatie


 

Le mercredi 17 avril, la Croatie renouvelait son parlement unicaméral, le Sabor. Une élection législative hors-normes dans laquelle le Premier ministre de centre-droit sortant, Andrej Plenković, faisait face à un parti social-démocrate mené ― dans un premier temps ― par le président en exercice Zoran Milanović, dont la candidature a finalement été jugée illégale par la Cour constitutionnelle. Si l’Union démocratique croate (HDZ) d’Andrej Plenković a remporté à nouveau ces élections, le processus de formation du prochain cabinet promet d’être difficile. Tenant de longue date d’une ligne centriste, libérale et pro-européenne, Plenković devra probablement composer avec la force politique la plus radicale du parlement croate, le Mouvement patriotique, proche des identitaires du groupe ID.

Pour comprendre ces élections au scénario inédit depuis la chute du communisme yougoslave, nous nous sommes entretenus avec Marijana Grbeša, professeure de sciences politiques à l’Université de Zagreb.

 

 

 

Par rapport aux élections de 2020, la coalition gouvernementale autour de l’Union démocratique croate (HDZ) a perdu 6 sièges lors du scrutin de ce mercredi. Le gouvernement d’Andrej Plenković, composé du HDZ, deux petits partis de centre-droit et les huit représentants des minorités nationales, détenait une majorité d’un seul siège au Sabor. Ainsi bien qu’il soit resté le premier parti du pays, le HDZ se trouve aujourd’hui dans une position politique délicate. Quels sont les facteurs qui ont contribué au recul du HDZ ?


 

Les résultats des élections législatives doivent, comme toujours, être analysés dans leur contexte. Même si le HDZ a effectivement perdu des sièges, le résultat du vote peut être  analysé comme une victoire pour le parti, qui dirige le pays depuis huit années consécutives sous la houlette du Premier ministre Andrej Plenković. Si Plenković parvient à former un gouvernement dans les prochaines semaines, il sera le premier chef de gouvernement de l’histoire croate moderne à exercer trois mandats consécutifs.

Il s’agit également d’un succès pour le gouvernement HDZ en place, qui a été accablé par un certain nombre de scandales au cours de son mandat. Des accusations de corruption ont été formulées à l’encontre de plusieurs ministres, et des fuites assez gênantes de conversations téléphoniques et de messages entre des personnalités importantes du gouvernement ont été réveĺées. Ces affaires ont généré une mauvaise publicité et ont gravement entamé l’image du parti dans les médias. Le fait que, malgré cette situation très défavorable, le HDZ soit resté le premier parti dans les urnes peut être considéré comme une victoire.


 

La coalition autour du principal parti d’opposition, le Parti social-démocrate (SDP), a remporté 42 sièges (+2). Le président de la Croatie, Zoran Milanović, ancien membre du SDP et ancien premier ministre, avait créé le scandale durant la campagne en tentant de se présenter comme candidat de sa coalition au poste de premier ministre. Sa démarche a été jugée illégale par la Cour constitutionnelle le 18 mars du fait de l’interdiction faite par la Constitution au président croate d’être membre d’un parti politique. Comment la démarche de Milanović a-t-elle influencé les résultats du SDP ?


 

Le comportement de Milanović a fait de cette élection un événement sans précédent dans l’histoire croate récente. Pour la première fois, une branche du gouvernement tentait d’interférer avec une autre, avec à la clef une violation potentielle de la Constitution.

Zoran Milanović a d’abord annoncé qu’il allait se présenter aux élections législatives, ce qui a été très sévèrement condamné par la Cour constitutionnelle, les commentateurs politiques et les politologues. Son parti a ensuite tenté de tirer parti de cette initiative, mais ne s’attendait probablement pas à ce que la réaction des experts et des médias soit aussi unanimement négative.


 

Le style politique de Milanović rappelle, à bien des égards, celui de Trump. Il aime recourir à ce que Diana Mutz a appelé « la politique dans ta face » (“in-your-face” politics), utilisant un langage vulgaire et ridiculisant volontiers ses opposants. Tout comme Trump, il affuble ses adversaires politiques de surnoms et s’attaque directement à tous ceux qui le critiquent. En tant que communicateur politique, Milanović est très talentueux et spontané dans ce rôle. Mais d’autres membres du SDP ont essayé de copier son style avec un succès plus limité.

Paradoxalement, si l’attitude de Milanović a suscité  de l’agitation et de l’anxiété, elle a également dynamisé et revigoré le parti social-démocrate, dont la communication politique avait été perçue comme plutôt terne au cours de la dernière législature, et à redonné de l’élan à la campagne électorale. Mais le style du président en exercice, plus que ses actes, s’est rapidement retourné contre lui. Je pense ―  et c’est probablement une bonne nouvelle pour une démocratie jeune comme la Croatie ― que de nombreux citoyens croates ont décidé qu’ils ne voulaient pas d’une force politique qui, d’une certaine manière, mettait en danger les institutions et recourait à un style de communication assez vulgaire. Et ce, malgré les scandales qui ont éclaté autour du gouvernement en place.

 

La position de Milanović est-elle désormais compromise ?


 

Probablement. Cette candidature constituait un pari risqué, qui n’a pas vraiment porté ses fruits puisque le SDP n’a pas remporté les élections. Si Milanović avait démissionné pour se présenter aux élections législatives, son geste aurait été beaucoup plus crédible et la base de son parti aurait été plus encline à se rallier à lui. Mais il ne l’a pas fait, se refusant manifestement de mettre dans la balance sa situation personnelle. Il reste aujourd’hui dans son fauteuil présidentiel, mais ce coup politique raté l’a décrédibilisé aux yeux d’une majorité d’électeurs.

Le SDP a traversé une crise de leadership au cours des dernières années. Comme ses chances de pouvoir former un gouvernement dans les prochains mois sont faibles, il en sortira très probablement perdant, avec une image dégradée du fait du pari risqué et du style de communication adopté par Milanović.


 


 

Les grands gagnants de cette élection sont deux tiers partis : le parti d’extrême droite Mouvement patriotique (DP) avec 14 sièges (+2) et le parti de gauche Možemo, qui a doublé son nombre de sièges, passant de 5 à 10 élus. Comment expliquer ces tendances parallèles qui ont vu à la fois le programme le plus progressiste et le programme le plus nativiste gagner du terrain ?


 

Tout d’abord, cette élection a été marquée par un taux de participation en nette hausse, ce qui est une bonne nouvelle pour la démocratie croate. Cela peut être en partie le résultat de la stratégie de Milanović. Une partie de la tactique du président sortant consistait à faire se tenir le scrutin un mercredi, à contre-courant de la règle non écrite selon laquelle les élections croates se déroulent toujours le dimanche. Au-delà de l’objectif d’augmenter le taux de participation, il s’agissait peut-être d’une tentative de diminuer l’influence de l’Église sur le résultat du vote ― d’ordinaire, de nombreux électeurs se rendent dans leurs bureaux de vote après la messe dominicale.

Cet aspect de sa stratégie a été plutôt couronné de succès et constitue, d’une certaine manière, sa contribution au processus démocratique. Le taux de participation a été d’environ 60 %, alors qu’il était inférieur à 50 % lors de l’élection précédente. On s’attendait à ce que cette participation plus élevée profite à l’opposition, mais le résultat a finalement été très équilibré, avec peu de changements fondamentaux par rapport à l’élection précédente.

Les tiers partis semblent avoir bénéficié du conflit entre le HDZ et le SDP. Non seulement DP et Možemo, mais aussi le parti populiste Most (« Pont »), qui a obtenu de meilleurs résultats que lors des dernières élections.

Ce changement est dû à la combinaison de plusieurs facteurs. Tout d’abord, la poussée populiste. Depuis 2015, la Croatie n’est plus gouvernée par le duopole composé du HDZ et du SDP. De nouveaux partis populistes de gauche et de droite ont émergé, qui se sont attaqués aux deux grands partis traditionnels. Le Mouvement patriotique (DP), créé par des dissidents du HDZ qui s’opposaient au style très modéré, centriste et pro-européen d’Andrej Plenković, est l’un d’entre eux.

De l’autre côté du spectre politique, on trouve Možemo, le « Podemos croate »1, qui a réussi à faire une percée il y a quelques années lors des élections locales, en remportant entre autres la mairie de Zagreb. Le parti a un programme vert, très progressiste, et a attiré une partie du centre-gauche et de la gauche déçus par les sociaux-démocrates. Možemo a mené une campagne très axée sur les principes, promettant de ne pas former  de coalitions avec la droite et refusant d’approuver les coups d’éclat et le style de communication de Milanović. Možemo a certes fait l’objet de critiques pour ne pas avoir participé à une coalition de gauche ― mais il n’est pas vraiment certain qu’une telle stratégie aurait permis à la gauche de l’emporter.

Les résultats de cette élection montrent un électorat croate assez stable, avec des résultats très similaires à ceux de l’élection de 2020. On observe des gains et des pertes limités, mais pas de revirement fondamental. Dans l’ensemble, l’électorat croate penche légèrement, mais non fortement, à droite.

Dans l’attente de données plus précises, on peut faire l’hypothèse que le nombre de jeunes électeurs ayant participé au scrutin a augmenté depuis 2020. Ces électeurs plus jeunes sont susceptibles d’avoir voté en plus grand nombre pour les trois principaux partis anti-establishment  : DP, Možemo et Most.


 

De quelles options dispose le HDZ pour former un gouvernement ? Un cabinet minoritaire, qui semble être l’option préférée du HDZ depuis la nuit des élections, est-il vraisemblable ? Le HDZ pourrait-il collaborer à l’avenir avec le SDP ou Možemo, ou encore avec des partis de droite radicale ?


 

Il existe un clivage important en Croatie entre les personnes qui ont une opinion positive ou plutôt positive du HDZ comme garant de la stabilité du pays et celles qui rejettent le parti. Le HDZ a plutôt bien géré la pandémie de COVID et la guerre en Ukraine, notamment en mettant à profit les fonds européens. Cela lui confère une certaine attractivité, en particulier dans les milieux d’affaires, qui considèrent ― sur un plan technocratique plus qu’idéologique ― qu’il apporte une certaine stabilité au pays. De nombreux électeurs ont sans doute opté pour le HDZ pour des raisons très pragmatiques, parce qu’ils ne pouvaient pas se représenter comment un gouvernement formé par l’actuelle opposition pourrait fonctionner.


 

De l’autre côté de ce clivage, on trouve une fraction de l’électorat qui rejette de manière très franche le HDZ. Le coup politique de Zoran Milanović visait à mobiliser cette partie de l’électorat et à l’unir contre le HDZ, en tirant parti des récents scandales de corruption. Cependant, le problème était que le message de l’opposition était plutôt dissonant, rendant la candidature du principal bloc anti-HDZ peu lisible.

Le HDZ a remporté le plus grand nombre de sièges dans ces élections, et il est probable qu’il puisse constituer une majorité avec le Mouvement patriotique. Le principal obstacle à la construction d’une telle majorité est le premier ministre lui-même, qui apparaît par bien des aspects comme trop progressiste, trop libéral, trop européen pour collaborer avec le DP, et qui a lui-même décrit le DP en des termes peu amènes dans un passé récent.

Il est probable que des raisons d’opportunisme politique l’emporteront et que les partis parviendront à un accord. L’un des points litigieux concerne l’exigence du DP que le parti de la minorité serbe [SDSS, n.d.l.r.] ne fasse pas partie de la nouvelle majorité. Dans le passé, ce parti a été un partenaire fiable et loyal de l’actuel premier ministre, Andrej Plenković.

Une autre option, qu’il aurait sans doute préférée mais qu’il ne pourra peut-être pas réaliser, consisterait pour Plenković à gouverner avec quelques partis mineurs, parmi lesquels des partis régionaux tels que l’Assemblée démocratique d’Istrie et le petit parti libéral Focus, auxquels se joindraient quelques transfuges d’autres partis. À ce stade, toutefois, les autres forces politiques disposent probablement d’un pouvoir de négociation suffisant au sein du nouveau Sabor pour éviter une telle issue.

Dans le même temps, le SDP tentera probablement de constituer un gouvernement minoritaire en négociant avec Most, Možemo et d’autres petits partis. Mais cette  hypothétique coalition « anti-HDZ » serait condamnée à une forte hétérogénéité, devant inclure à la fois des partis de gauche progressistes et les populistes de droite de Most, qui ont été très virulents dans leurs attaques contre la « culture woke ». Les chances de succès d’une telle entreprise sont donc minces.


 

Le 9 juin, les électeurs croates éliront un total de 12 députés européens. La participation a été très faible en 2019 (29,85 %), et encore plus faible en 2014 (25,24 %) et en 2013 (20,83 %). Comment expliquez-vous cette tendance et y a-t-il un risque que le scrutin du 9 juin, se tenant deux mois après une élection nationale majeure, connaisse des chiffres de participation encore plus bas ?


 

Les élections européennes se dérouleront sans aucun doute dans l’ombre des élections législatives et du processus de formation gouvernementale, qui devrait durer plusieurs mois. En fait, alors que la période officielle de dépôt des listes de partis pour les élections européennes a déjà commencé, aucun des principaux partis n’a encore déclaré sa liste, leur attention ayant jusque-là été accaparée par les élections nationales. Par conséquent, le taux de participation risque d’être faible et la capacité de mobilisation des partis limitée.


 

Les incitations à la mobilisation seront sans doute plus fortes parmi les partis qui n’ont pas remporté les élections législatives, et qui pourraient saisir l’occasion d’obtenir un meilleur résultat aux élections européennes. Il faudra également suivre le résultat du Mouvement patriotique, dont le programme est nettement eurosceptique anti-migrants. Au cours de la campagne, un eurodéputé sortant, Mislav Kolakušić (Non-Inscrits), a rejoint la campagne du DP. Kolakušić défend des positions de droite dure, eurosceptiques, populistes et anti-système.


 

Contrairement à de nombreux pays européens où l’on voit plutôt des partis appartenant à l’aile droite du PPE collaborer avec des partis d’extrême droite, en Croatie l’un des représentants les plus centristes du PPE s’apprête à former une coalition avec la droite radicale. Comment cela s’explique-t-il ?


 

Lorsqu’il s’agit de se maintenir au pouvoir, les raisons pragmatiques l’emportent souvent. Mais il existe aussi des convergences plus profondes. La fraction du Mouvement patriotique qui défend un programme pro-business assumé jouera ainsi sans doute un rôle crucial dans la négociation de l’accord avec le HDZ. Le HDZ gouverne la Croatie depuis de nombreuses années, avec seulement deux interruptions depuis la création de l’État croate moderne. Ses membres ont construit un réseau solide au sein de l’administration publique, tant au niveau croate qu’européen. Le DP considérera sans doute cette opportunité de gouverner comme une manière de s’insérer dans l’infrastructure politique et administrative de l’État, ce qui contribuera probablement à apaiser les conflits idéologiques.

Le plus grand défi pour la formation du prochain gouvernement concerne, comme je l’évoquais, la personne du premier ministre, qui a à titre personnel une très mauvaise opinion de la droite radicale. Cependant, certains  au sein de son parti sont plus conservateurs et radicaux dans leur idéologie, et pourraient être beaucoup plus proches des positions de DP que ne l’est Plenković.


 

Enfin, d’autres difficultés pourraient se faire jour en lien avec certaines exigences programmatiques spécifiques du DP. Le Mouvement patriotique a notamment fait campagne sur l’annulation de la ratification par la Croatie de la convention d’Istanbul sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes, qu’il a critiquée comme étant le résultat d’une « idéologie du genre » ― or cette ratification a été menée sous la direction d’Andrej Plenković, qui s’est battu pour la mener à bien. Il s’agira donc probablement d’une ligne rouge pour le Premier ministre sortant.


 

Quels seront les principaux thèmes et personnalités à suivre pendant la campagne ?


 

Du côté de l’opposition, la corruption sera probablement le principal sujet mis en avant, tandis que les partis gouvernementaux mettront en avant la nécessité d’approfondir l’intégration de la Croatie à l’Union européenne comme moyen de parvenir à davantage de stabilité, de sûreté et de sécurité. Ces trois termes ont été les principaux mots d’ordre de la campagne du HDZ, qui a utilisé le slogan « prêts à relever tous les défis ».

Au Parlement européen, contrairement à situation qui prévaut sur la scène nationale, les sociaux-démocrates disposent de représentants très bien identifiés. Les députés sortants vont probablement mener des campagnes très personnalisées, ce qui devrait jouer en leur faveur.

On verra également apparaître quelques nouveaux visages. Un cas particulier est la liste « Gen Z » de l’influenceuse Nina Skočak, une tiktokeuse croate basée à Bruxelles qui partage notamment du contenu lié à la politique européenne, et dont la liste est principalement composée de jeunes de 19 à 30 ans.

Autre fait intéressant, lors des dernières élections européennes, l’Assemblée démocratique d’Istrie, un parti régionaliste membre de l’ADLE et qui défendait un programme progressiste et libéral, avait réussi à obtenir un député, bien qu’il ne se présente habituellement que dans une seule région du pays. Il faudra voir si le parti réussira à défendre son siège lors des élections de cette année.

Comme l’ont montré les analyses du matériel de campagne lors des élections de 2019, les questions nationales, davantage que les questions européennes à proprement parler, dominent la campagne européenne en Croatie.


 

Prenons l’exemple de Mislav Kolakušić, dont la campagne a remporté un succès important lors des dernières élections. Kolakušić était un nouveau venu sur la scène politique croate, avec un programme très populiste. L’analyse que nous avons menée sur ses posts Facebook a montré qu’il n’avait mentionné l’Europe qu’une seule fois pendant toute la durée de la campagne. Malgré cela, il a réussi à obtenir un siège au Parlement européen.

Un certain nombre de sujets européens sont cependant susceptibles de figurer en tête de l’ordre du jour. C’est le cas, notamment, de la gestion des fonds européens et de la guerre en Ukraine. En général, la question ukrainienne n’est pas considérée comme prioritaire dans la politique nationale. Toutefois, interrogés sur les principaux enjeux de la politique européenne, les électeurs croates citent l’Ukraine comme leur principale préoccupation. L’immigration, en revanche, n’a pas joué un rôle aussi important dans les élections nationales que l’on pouvait s’y attendre, bien qu’elle ait été mise en avant par des partis de droite tels que le DP, qui ont repris les récits conspirationnistes autour du « Great Reset » et du « grand remplacement ». Je pense que ce type de rhétorique est susceptible de jouer beaucoup plus important lors des élections européennes, alors que se multiplient les tentatives de désinformation autour d’allégations d’incidents violents et de cas de fraude sociale impliquant des migrants.


 

L’épreuve de force entre Plenković et Milanović pourrait-elle avoir un impact sur la campagne européenne ?


 

Très favorable à l’intégration européenne, Andrej Plenković est un partenaire très fiable et apprécié à Bruxelles. Il sera intéressant de voir si le président Zoran Milanović tentera d’interférer dans le scrutin européen à venir. Milanović a récemment adopté une rhétorique de plus en plus populiste, remettant en cause les institutions européennes et critiquant les fonctionnaires européens qu’il a décrit comme distants et déconnectés. Ce faisant, il s’est rapproché des discours des partis de droite radicale. Cependant, ses eurodéputés, qui ont participé activement aux travaux du Parlement européen et sont des figures reconnues dans la sphère publique croate, resteront probablement alignés sur un agenda plus nettement pro-européen.

La question de l’élargissement de l’Union reviendra probablement sur le devant de la scène au cours de la prochaine législature. Comment les partis croates se positionnent-ils sur cette question, notamment en ce qui concerne les candidatures serbe et bosniaque ?


 

Le parti le plus susceptible de remettre en question l’élargissement sera le Mouvement patriotique, notamment en ce qui concerne la demande d’adhésion de la Serbie, qu’il ne manquera pas de contester. Une grande partie de son électorat est composée de personnes qui ont été directement impliquées dans les guerres de Yougoslavie et qui nourrissent un ressentiment important vis-à-vis de l’État serbe.


 

Le cas de la Bosnie-Herzégovine est plus consensuel. Andrej Plenković s’est fait le champion de l’élargissement de l’UE dans la région, en particulier vis-à-vis de la Bosnie-Herzégovine. Son attitude dans ce dossier a été très bien accueillie en Bosnie par la classe politique tant croate que bosniaque, au sein de laquelle il est assez populaire. Pour sa part, Zoran Milanović affiche de manière démonstrative son amitié avec le dirigeant controversé de la République serbe de Bosnie, Milorad Dodik. La plupart des partis seront probablement très favorables à l’adhésion de la Bosnie-Herzégovine à l’UE, notamment du fait de l’importante communauté croate qui y vit.


 

L’ancienne maire de Dubrovnik et ex-eurodéputée Dubravka Šuica est l’une des 8 vice-présidents de la Commission depuis 2019, détenant le portefeuille de la Démocratie et de la Démographie. Peut-on s’attendre à ce qu’elle soit à nouveau nommée commissaire lors du prochain mandat ?


 

Sans aucun doute. Mme Šuica est une alliée très proche de la direction du HDZ et du Premier ministre. Il devrait être facile pour elle d’être reconduite à son poste lors de la prochaine législature, et il est probable qu’elle continuera à remplir cette fonction dans les années à venir.


 

  1. Le mot espagnol podemos et le mot croate možemo signifient tous deux « nous pouvons ».


 

Par François Hublet

Source : legrandcontinent.eu, le 20 avril 2024.

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11 avril 2024

La progression de la capacité solaire

La Croatie a déployé 238,7 MW d’énergie solaire en 2023


 


 

La Renewable Energy Sources of Croatia indique que la capacité solaire totale installée du pays s’élève désormais à 462,5 MW. Le pays serait proche d’entrer dans le “club du gigawatt” d’ici le début de l’année 2025.

La Croatie a ajouté 238,7 MW de solaire installé en 2023, selon les chiffres de l’association Renewable Energy Sources of Croatia (RESC). L’association a déclaré que la capacité solaire installée totale du pays s’élève maintenant à 462,5 MW.

Selon RESC, les déploiements de l’année dernière ont représenté une moyenne de 19,9 MW par mois, ce qui est « excellent, en particulier par rapport aux années précédentes ». Elle a déclaré que le développement des centrales solaires suit une « tendance exponentielle » et prévoit que si la tendance se maintient, la Croatie devrait disposer de 963 MW dans le système d’ici janvier 2025.

En 2023, le gouvernement croate a adopté un cadre juridique pour le déploiement de l’agrivoltaïque, ce qui permet d’approuver plus rapidement les installations photovoltaïques. Mais les inquiétudes concernant la bureaucratie qui freine le déploiement de l’énergie solaire à grande échelle demeurent, comme l’a rapporté pv magazine.

RESC a déclaré que la production des centrales solaires est saisonnière en Croatie, avec 70 % de la production annuelle réalisée entre avril et septembre. En décembre, les sources d’énergie renouvelables représentaient 19,5 % de l’électricité disponible en Croatie. RESC a indiqué que le pays a été entièrement alimenté par des sources d’énergie renouvelables pendant quatre jours au cours de ce mois.


 

Par Patrick Jowett

Source : pv-magazine.fr, le 26 mars 2024.

8 avril 2024

Dalibor Matanić

Dalibor Matanić

 

 

Né à Zagreb en 1975, Dalibor Matanić y obtient son diplôme de réalisation cinéma et télévision à l'Académie d'Arts dramatiques. Il est membre de l'Académie européenne de Cinéma. De 1996 à 2000 il réalise avec succès plusieurs documentaires et courts métrages. Il a réalisé cinq long métrages qui ont remporté plusieurs prix internationaux et croates :

  • Blagajnica hoće ići na more (2000)

  • Fine mrtve djevojke (2002)

  • 100 minuta slave (2004)

  • Volim te (2005)

  • Kino Lika (2008)


 

 

 

2. Dalibor Matanić • Réalisateur de The Dawn

La compassion, l’amour et la tolérance enlèvent toutes les toxines”


 

Entretien avec le réalisateur croate Dalibor Matanić à l’occasion de la première mondiale de son nouveau film, The Dawn, en compétition au Festival Black Nights de Tallinn

Dalibor Matanić est un des réalisateurs croates les plus prolifiques actuellement. Il est l’auteur du titre qui marque sans doute le plus gros succès du cinéma croate depuis l’indépendance du pays : Soleil de plomb (2015), vainqueur du Prix du jury dans la section Un Certain Regard à Cannes. Ce film est la première partie d’un projet de trilogie et sa "suite", The Dawn, est à présent en lice au Festival Black Nights de Tallinn.


 

Cineuropa : Dans Soleil de plomb, vous traitiez du passé et du présent. Dans The Dawn, vous envisagez le futur proche. Est-il plus facile d’analyser le passé ou de prédire et d'imaginer le futur ?


Dalibor Matanić : Dans The Dawn, je continue d’explorer la question de l'influence que l'on peut avoir à travers l'art sur notre réalité. Pourrions-nous éviter la formule historique qui nous enseigne que tous les 40 ou 50 ans, un nouveau conflit survient en Europe du Sud-Est, à la faveur d'une montée de l’intolérance et des différents extrémismes ? Y a-t-il une forme de courage et de connaissance qui pourrait nous permettre de repérer les nouveaux populistes et les nouveaux fascistes, qui ont peut-être simplement changé d’uniforme ? Je me fie à la vérification mathématique du passé pour prédire l'avenir, mais 2020 nous a montré que le futur est imprévisible, inconnu et susceptible de générer un sentiment d'insécurité. En préparant The Dawn, je ne pensais pas que mon propre "lendemain sombre" arriverait réellement demain. Cependant, je fais ce que je fais parce que je crois qu'au bout du compte, les gens veulent juste l'amour, l'espoir et la paix, et le genre de choses qui maintiennent cette planète en vie.


 

The Dawn se passe dans la même région que Soleil de plomb et décrit de nouveau une séparation entre "nous" et "eux", mais cette fois, la ligne de partage n’est pas seulement ethnique. De quelles manières la société croate d’aujourd’hui et celle de demain sont-elles scindées ?


Comme partout ailleurs dans le monde, la société est divisée entre ceux qui se cachent dans la foule, craignent de se regarder dans un miroir et de faire face à leurs peurs et à leurs frustrations, et ceux qui sont plus courageux. La Croatie est en voie de modernisation et les gens sont plus conscients que si quelqu’un clame être un "grand Croate", il y a quelque chose de suspect là-dedans. La Trilogie du soleil parle de péchés et d’absolution sur trois générations dans ma famille. Soleil de plomb parlait de ma grand-mère, The Dawn parle de mon père, The Dusk parlera de moi. Le moins que je puisse faire, c’est me repentir pour l’obscurité qui a existé dans ma famille. Je ne suis pas intéressé par les péchés de mes voisins, mais par les péchés commis par ma nation et la possibilité d’absolution pour le mal que nous faisons.


 

Le seul lien de ce film avec Soleil de plomb n'est pas juste le milieu dans lequel ils se déroulent, mais aussi le style, le directeur de la photographie, l’actrice principale… Cette fois, cependant, il ne s’agit pas d’un triptyque, si ?


Il y a un triptyque, dans l'âme du héros et par rapport aux dispositifs dans lesquels il tombe tout en essayant de se parachever comme personne, afin d’affronter les challenges de temps nouveaux et tumultueux. Pendant les années 1930, les nazis s’adressaient à des gens insatisfaits qui avaient faim, qui étaient au chômage, qui n’étaient pas éduqués et qui étaient frustrés. Ce n’était pas difficile de transformer ces gens en bêtes. L'Europe est de nouveau face aux mêmes défis. Si la pandémie entraîne notre ruine économique, est-ce que les bêtes vont refaire surface, encouragées par le populisme et les fake news ? L'homme calme et complet va surpasser les extrémistes ; c’est l’objectif premier de notre héros, Matija.


 

Même dans l’apocalypse, vous parvenez à trouver de la beauté, de manière à aborder la tragédie avec joie. La soi-disant joie que vous décrivez est toutefois assez toxique et destructrice. Comment cela se fait-il ?


Nous ne savons pas à quoi ressemble le "nouveau mal", le nouveau vampire, fasciste ou démon. Est-ce qu’il est de droite ou de gauche ? Quels uniformes sont dangereux ? Est-ce que les gens qui viennent nous guider vont se marrer ou se prendre au sérieux ? Dans un monde saturé d’informations, où des attractions visuelles artificielles dictent le contenu, nous ne savons pas à quoi ressemble "le nouveau Hitler". Ce que nous savons, c’est que la compassion, l’amour et la tolérance enlèvent toutes les toxines. À travers mes films, je m’efforce d'oeuvrer pour que le monde reste stable.


 


 

Par Marko Stojiljković

Source : cineuropa.org, le 30 novembre 2020.

 

 

 

3. Croatie : un réalisateur primé à Cannes avoue plusieurs agressions sexuelles


 

Dalibor Matanic, l’un des réalisateurs les plus célèbres de Croatie, a reconnu avoir eu des « actions inappropriées » à l’égard de plusieurs femmes, après des révélations dans la presse l’accusant de harcèlement envers des actrices.


 

« Aucune justification ni excuse ». L’un des réalisateurs les plus célèbres de Croatie, Dalibor Matanic, a avoué dans un long post sur Facebook avoir agressé sexuellement plusieurs femmes, demandant « pardon » aux victimes. Le cinéaste, primé à Cannes en 2015, s’est exprimé après la publication de plusieurs articles de presse, déclenchant un tonnerre de réactions.

« Tout ça a eu lieu à des moments où j’étais sous l’influence de l’alcool ou de drogues. Notre travail est terriblement stressant - mais cela ne justifie certainement pas mon comportement », a écrit sur Facebook le réalisateur de 49 ans, ajoutant qu’il avait décidé d’entrer dans un centre de désintoxication.

« Je regrette sincèrement et infiniment mes actions inappropriées, qui ont bouleversé et mis mal à l’aise certaines femmes. Je n’avais pas conscience de ma mauvaise approche envers mes collègues en dehors du plateau. Il n’y a aucune justification ni excuse pour mes actes », a-t-il ajouté, cité par le quotidien croate Večernji list. « J’ai déjà personnellement présenté mes excuses à certaines femmes et leur ai demandé pardon », a-t-il également déclaré. Il a assuré avoir « pleinement compris que ce que je faisais était inacceptable » et promis de faire en sorte que « de tels comportements et actions ne se reproduisent plus jamais ».

Dalibor Matanic avait été primé à Cannes en 2015 pour son film « The High Sun » (prix du jury Un Certain Regard) et distingué pour sa série « The Last Socialist Artefact » par le festival Séries Mania en 2021.

« Il se présentait comme un allié »

Le cinéaste a supprimé son profil Facebook immédiatement après avoir présenté ses excuses, avant de se connecter à nouveau ce lundi, a signalé Večernji list, qui avait publié trois jours plus tôt une enquête sur lui. D’après celle-ci, le cinéaste était accusé depuis des années de harceler de jeunes actrices. Depuis ses révélations, il a été écarté de « nombreux projets » mais a aussi été soutenu par « des actrices, journalistes et musiciens célèbres », note le journal. Le cinéaste a précisé « se retirer complètement » pour suivre « un traitement ».

Si ces révélations ont créé une onde de choc en Croatie, c’est que le réalisateur avait régulièrement fait la critique de la culture patriarcale et des violences faites aux femmes à travers ses films. En octobre 2023, il était même apparu en couverture du magazine féminin Gloria aux côtés de la chanteuse croate Ida Prester, sur une Une consacrée à la lutte contre « la violence faite aux femmes ». Le magazine a annoncé depuis mettre fin à toute collaboration et couper tout contact avec lui. « C’est un choc terrible, car il se présentait comme un allié », a réagi la militante des droits des femmes Sanja Sarnavka.

La violence et les agressions sexuelles ont longtemps été considérées comme des sujets tabous dans les Balkans, où les valeurs patriarcales restent ancrées dans certaines parties de la région. Ces questions ont cependant pris davantage d’importance ces dernières années après l’avènement du mouvement #MeToo et une affaire en Serbie voisine où une actrice a accusé son ancien professeur d’art dramatique de viol, ce qui a incité des milliers de femmes à raconter leurs propres histoires.


 

Source : leparisien.fr, le 8 avril 2024.


 

 

 

4. Filmographie

 

 

Fine mrtve djevojke (2002)

 

Un couple de jeunes femmes loue un appartement dans un petit immeuble de Zagreb. Elles perturbent un monde en vase clos et déclenchent, malgré elles, intolérance, violence et jalousie. La prostituée, le mari violent ou le couple de propriétaires bornés, flanqués de leur fils introverti, tous dépasseront les limites au contact de Marika et d'Iva

 

Volim te (2005)

 

Kreso, la trentaine, appartient à la jeunesse dorée de Zagreb. Tout lui réussit. Même si son histoire d'amour s'effiloche, cet as de l'informatique mène une vie de rêve. Son existence bascule lorsqu'il apprend sa séropositivité. Caméra nerveuse, sur fond de techno et de Tequila, Dalibor Matanić signe un instantané de la société croate. (bande-annonce)

 

Kino Lika (2008)

 

Dans un village perdu en montagne vivent un jeune joueur de football, un paysan avare et une grosse fille. C'est la campagne du référendum pour ou contre l'Union européenne et les gens s'en moquent complètement. Le jeune joueur de foot qui a tué sa mère accidentellement refuse de rejoindre un riche club étranger, au risque de perdre l'affection de son père. Le destin de la grosse fille esseulée va se jouer dans la porcherie et le paysan avare va découvrir que la véritable misère est celle de la solitude. (interview)

 

Majka Asfalta (Mère asphalte - 2010)

 

Mère asphalte raconte la déchéance d’un jeune couple de Zagreb, Mare et Janko, et de leur fils, Bruno. Une réalisation très soignée par Dalibor Matanic procure des sensations fortes. Dans une Croatie enneigée, le scénario nous fait subtilement entrer dans la question ultime du bonheur et du prix à payer pour rester ensemble.

Avec trois Fipas d'or amplement mérités, Mère asphalte a été le grand gagnant de la 24ème édition du Festival international de programmes audiovisuels (FIPA).

L’actrice Marija Skaričić a été à juste titre couronnée Meilleure interprétation féminine pour son jeu sobre et franc d’une femme battue, digne, humaine et combative jusqu’aux ongles.

Jura Ferina et Pavao Miholjevic ont obtenu le prix de la Meilleure musique originale.

 

Ćaća (Papa - 2011)

 

Une jeune fille entraîne son petit ami et sa soeur dans la région inexploitée de Lika, où vit leur père depuis qu’il a abandonné sa famille des années auparavant. Ayant appris qu’il était malade, ce voyage est, pour le jeunes gens, la dernière chance qu’ils ont d’en savoir plus sur l’histoire de leur famille.

 

Zvizdan (Soleil de plomb - 2015)

 

 

 

 

 

4 avril 2024

La loi sur le commerce dominical

En Croatie, la fermeture des magasins le dimanche ne fait pas l'unanimité


 

L'ouverture limitée des magasins le dimanche est dénoncée par le monde des affaires mais les salariés semblent satisfaits.


 

Depuis juillet dernier en Croatie, une loi limite drastiquement l'ouverture des magasins le dimanche. Désormais les détaillants doivent choisir 16 dates par an. Le reste du temps, leur commerces devront rester fermés.

Près d'un an après la mise en oeuvre de cette mesure, la loi reste au coeur d'une vive polémique. Si les salariés semblent plutôt satisfaits, leurs employeur le sont nettement mois. 

Ainsi, les cinq grands centres commerciaux de la région de Zagreb affirment que les revenus du dimanche, qui sont plus élevés, vont entraîner une baisse du chiffre d'affaires d'environ 50 millions d'euros.

Les propriétaires de petits magasins, les plus touchés par la nouvelle loi sont également vent debout. 

Beaucoup ont l’impression que ces mesures nuisent globalement à l’économie.

Gordan Kolar possède deux petits magasins, l'un à Zagreb et l'autre à Dubrovnik, et il craint que, pendant la saison touristique, les dimanches non ouvrables ne lui causent d'énormes pertes financières. 

Dans certains pays méditerranéens, les magasins restent ouverts le dimanche, rappelle Boris Podobnik, économiste de l'association Voice of Entrepreneurs.

Il explique que depuis l'implantation de la loi sur le commerce dominical, il y a déjà eu des licenciements parmi les commerçants de détail. En outre, le chiffre d'affaires du commerce de détail aurait chuté d'un milliard d'euros.

La Chambre croate des métiers et de l'artisanat affirme ^également que la loi présente certaines lacunes.

Mais pour Zlatica Štulić, présidente du Syndicat du commerce de détail, dont l'organisation lutte depuis des années contre le commerce le dimanche., la loi protège davantage les employés qui restent libres de ne pas travailler le dimanche.

Selon Zlatica Štulić, le besoin de main-d'œuvre ne va pas diminuer, car avant la crise, il y avait déjà une pénurie de main-d'œuvre qui était couverte par les étudiants et les retraités travaillant à temps partiel.

Selon le ministère du Tourisme, les revenus record des touristes étrangers en 2023 ne font que confirmer la croissance enregistrée tout au long de l'année 2023, qui a connu des résultats particulièrement bons en pré et post-saison. Le ministère du Tourisme a conclu qu'il est également très satisfait des indicateurs pour le début de 2024.


 

Source : fr.euronews.com, le 4 avril 2024.

29 mars 2024

Cap sur le grand remplacement

En Croatie, la main-d'oeuvre asiatique au secours des secteurs en tension


 

Tous les dimanches, Arcely Bhing va à la messe. En plein coeur de Zagreb, elle y retrouve des dizaines de compatriotes philippins, de plus en plus nombreux à venir travailler en Croatie, où ils pallient le départ de centaines de milliers d'employés.

L'Eglise, "c'est important pour nous, les Philippins, parce que nous sommes aussi un pays catholique", explique Mme Bhing, qui vit en Croatie depuis 2017.

Ils sont le visage du changement au sein d'une société qui s'appuie de plus en plus sur la main-d'œuvre étrangère, pour parer à l'émigration massive de sa population vers des pays plus riches de l'Union européenne (EU), et à un faible taux de natalité.

La construction et le tourisme, vital pour l'économie locale, sont particulièrement touchés. Selon les prévisions de l'Association croate des employeurs (HUP), le pays pourrait compter à la fin de la décennie entre 400.000 et 500.000 employés étrangers, soit un quart de la main d'œuvre.

Ces dernières années, la Croatie a donc vu arriver de plus en plus de travailleurs du Népal, d'Inde ou des Philippines.

"La Croatie est membre de l'UE et fait partie aussi de l'espace Schengen. C'est pour cela que je l'ai choisie", explique Denson D'Cruz, désormais installé à des milliers de kilomètres de son Kerala natal.

Cet Indien de 30 ans est arrivé l'an dernier pour travailler comme mécanicien. Il dirige aujourd'hui sa propre société d'export-import.

Son plan est de rester en Croatie car il apprécie son "climat, des gens qui sont amicaux et qui parlent anglais".

Près de 120.000 ressortissants étrangers avec permis de travail ont été enregistrés en 2023, 40% de plus qu'en 2022. En tête : Bosniens, Serbes et Népalais.

Le phénomène est nouveau pour une société plutôt homogène, selon des experts.

"A la différence de pays qui ont connu tout au long de leur histoire l'expérience de la diversité culturelle - comme la France ou la Grande-Bretagne -, la société croate rencontre pour la première fois des groupes très différents", explique Dragan Bagic, sociologue à l'Université de Zagreb.


 

- "Danger de ségrégation" -

Certains mettent en garde contre le danger de ségrégation des immigrés asiatiques, dont la plupart n'ont pas l'occasion d'interagir avec la population locale, à moins de travailler dans un magasin, ou, comme certains, dans une boulangerie.

"S'intégrer est un grand défi pour eux. Ils risquent d'être isolés en dehors du travail", craint Andjelko Katanec, le curé de l'église Saint-Blaise qui célèbre des messes en anglais depuis 2019.

Pour Arcely Bhing, comme pour beaucoup d'autres, "la Croatie n'est pas encore mentalement prête pour une grande immigration", et le pays "essaie encore de comprendre comment faire les choses au mieux".

Le gouvernement s'apprête ainsi à changer la loi sur les étrangers pour mieux réglementer l'hébergement, l'apprentissage du croate et le fonctionnement des agences d'intérim, dont le nombre a explosé.

Des abus ont été signalés notamment dans l'immobilier, avec des appartements loués à des prix exorbitants. En parcourant les petites annonces, on trouve par exemple "un appartement pour travailleurs, avec 10 à 11 lits, à 200 euros par personne". En illustration, des photos d'une chambre remplie de lits superposés, en banlieue de Zagreb.

Un journal a récemment révélé que 32 travailleurs étrangers vivaient dans un appartement de 83 m2 à Zagreb.

Durga Phuyal, immigrante népalaise, a emprunté 7.000 euros pour organiser son voyage. Mais elle a rapidement été déçue : au bout d'un mois elle a perdu son emploi sur la côte Adriatique. Son agence lui a tourné le dos.

"C'était vraiment difficile. Je n'avais plus de travail, pas de logement, pas de quoi manger", pendant près de deux mois, raconte la jeune femme.

Elle a finalement été employée par Ruzica Kerepcic, qui dirige une agence d'intérim. Et a hâte de commencer à travailler dans un salon de beauté.

Mme Kerepcic a fondé en 2017 son agence pour faire venir des Népalais, dont certains travaillent dans ses deux sociétés de construction.

"Ils sont très bon travailleurs, veulent apprendre et s'adaptent", dit-elle.

Selon un représentant des ouvriers népalais, ils gagnent entre 560 et 1.000 euros - le salaire moyen en Croatie est de 1.200 euros. La plupart d'entre eux envoient de l'argent à leur famille.

Pour Mme Kerepcic, les immigrés sont "la force de l'avenir" - le nom de son agence - "aussi bien pour la Croatie que pour toute l'Europe".


 


 

Source : actu.orange.fr, le 29 mars 2024.

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28 mars 2024

Vinted

Vinted met le cap sur la Croatie


 

Le géant de la seconde main Vinted fait ses débuts sur le marché crotale, consolidant ainsi sa présence en Europe.

Les clients de Vinted basés en Croatie peuvent désormais vendre et acheter des pièces d’occasion sur la plateforme lituanienne.

L’entreprise, active en Europe et en Amérique du Nord, s’est implantée en Suède, Finlande et plus récemment Danemark. Elle est également disponible en Belgique, en Espagne, aux Pays-Bas, au Luxembourg et en France qui représente son premier marché avec 23 millions d’utilisateurs en 2023.

Fondée en 2008, Vinted s’est imposée comme l’un des leaders de la seconde main avec plus de 80 millions de membres à travers le monde. Quelques semaines plus tôt, elle annonçait faire l'acquisition de la marketplace danoise Trendsales, spécialisée dans la vente d’articles d’occasion, visant à renforcer son implantation dans les pays nordiques.


 

Source : fashionunited.fr, le 28 mars 2024.


 

27 mars 2024

L'achat de deux DHC-515

La Croatie commande deux DHC-515


 

Deux jours après l'officialisation d'une première commande de DHC-515 par la Grèce, une seconde vient d'être signée dans la foulée. Cette fois, la Croatie, qui exploite notamment six CL-415 au sein de son aviation militaire, opte pour deux DHC-515.


 

Le contrat signé de gré à gré entre les gouvernements canadiens et croates concerne donc deux DHC-515 et « l’approvisionnement en pièces de rechange ainsi que la formation des équipages. » La Canadian Commercial Corporation (CCC), l’agence canadienne servant d’intermédiaire pour les contrats commerciaux d’export, précise toutefois que le « Mécanisme de protection civile de l’Union Européenne, RescEU » a été un des interlocuteurs dans le cadre de ce contrat.

Au printemps 2022, lors de l’officialisation du programme DHC-515, l’Europe, avait annoncé avoir signé des lettres d’intentions d’achat pour 12 avions de ce type via le programme RescEU, qui seraient affectés par paire dans les flottes nationales des pays engagés dans la lutte contre les feux. Il est possible que cette commande Croate entre dans ce cadre. Si les dispositifs RescEU de la Grèce et la Croatie sont désormais annoncés, restent donc les commandes européennes pour le Portugal, l’Espagne, l’Italie et la France.


 


 

Par Frédéric Marsaly

Source : aerobuzz.fr, le 27 mars 2024.

2 mars 2024

Le schisme politique sur la guerre en Ukraine

Croatie : les propos d’Emmanuel Macron sur l’envoi de troupes en Ukraine alimentent un conflit politique


 


 

Le désaccord entre le Premier ministre croate Andrej Plenković et le président du pays Zoran Milanović prend de l’ampleur depuis que le président français Emmanuel Macron a laissé entendre plus tôt cette semaine que l’envoi de troupes occidentales en Ukraine ne devrait pas être « exclu ».


 

Une vingtaine de dirigeants européens se sont réunis à Paris lundi (26 février) pour un sommet consacré au soutien à l’Ukraine, alors que la guerre de la Russie en Ukraine dure depuis plus de trois ans déjà

Bien que le président français ait précisé lundi qu’« aucun consensus » n’avait été atteint sur cette question, ses commentaires ont suscité de nombreux débats.

En effet, évoquer l’éventualité de l’envoi de troupes occidentales en Ukraine contraste fortement avec la ligne rouge tracée par l’Europe occidentale, et de nombreux dirigeants, en Espagne, en Pologne ou encore en Espagne, ont fermement rejeté cette possibilité depuis.

En Croatie, Andrej Plenković a lui aussi déclaré que son pays n’enverrait pas de soldats en Ukraine, ajoutant que Zagreb continuerait à aider Kiev comme elle l’a fait jusqu’à présent, c’est-à-dire économiquement, financièrement, militairement et sur le plan humanitaire.

Il a ajouté qu’en décembre 2022, seules quatre voix auraient été nécessaires au parlement pour approuver la participation de la Croatie à la mission de formation des soldats ukrainiens EUNAM.

Interrogé par des journalistes mardi (27 février) sur l’annonce d’Emmanuel Macron, le Premier ministre croate a répondu : « Comme nous n’avons même pas été capables de nous accorder sur cette action symbolique, nous n’avons même pas proposé que des soldats croates se rendent en Ukraine ».

Plus tard, il a clarifié sa formulation, affirmant qu’aucun représentant croate à Paris n’avait jamais demandé l’envoi de soldats en Ukraine.

Le bureau de Zoran Milanović a tout de même vivement réagi.

« De quoi a-t-on discuté exactement à Paris, et qu’est-ce que M. Plenković y a promis au nom de la Croatie ? » s’est interrogé le bureau du président. « Au nom de qui et dans l’intérêt de qui M. Plenković revendique-t-il le droit de participer ne serait-ce qu’aux discussions sur la participation des soldats croates à la guerre en Ukraine ? »

« S’il n’y avait pas de parlement croate et de président, il est clair que M. Plenković aurait directement impliqué la Croatie dans la guerre en Ukraine », a affirmé le bureau du président.

Un désaccord de longue durée

Le conflit entre les deux hommes politiques au sujet de la guerre en Ukraine dure depuis le début de l’invasion russe en février 2022.

M. Plenković accuse M. Milanović de « russophilie » et a précédemment déclaré qu’il « agissait comme un fonctionnaire du Kremlin ».

M. Milanović, quant à lui, insiste sur le fait que puisque l’Ukraine ne fait pas partie de l’OTAN, la Croatie n’a pas d’obligations envers elle.

Le Premier ministre a rencontré le président ukrainien Volodymyr Zelensky mercredi (28 février) lors du sommet entre l’Ukraine et l’Europe du Sud-Est organisé à Tirana par le Premier ministre albanais Edi Rama. M. Plenković lui a proposé l’aide de son pays pour le déminage, comme il l’a indiqué sur X.


 


 

Par Adriano Milovan

Traduit par Claire Lemaire


 

Source : euractiv.fr, le 1er mars 2024.

25 février 2024

L’unité d’anatomie pathologique de Raguse

Ikonisys: sa future filiale Hospitex décroche un contrat en Croatie

 

 

Ikonisys annonce que sa future filiale Hospitex International, spécialiste de la cytologie en couche mince et en diagnostic du cancer, a remporté l'appel d'offres pour les prestations de fourniture de systèmes de diagnostic destinés à l’unité d’anatomie pathologique de Raguse en Croatie. Hospitex International s'est vu attribuer la fourniture "tout risque" du système Cytofast pour un montant total de 260000 euros. Ikonisys a annoncé fin novembre 2023 l'acquisition de Hospitex.

"Il s'agit d'une nouvelle étape importante franchie par Hospitex International, dont l'objectif est d'assurer une plus grande précision dans la réalisation de diagnostics, associée à une simplicité d'utilisation de ces diagnostics", déclarent Mario Crovetto, directeur général d'Ikonisys et Alessandro Nosei, chef des opérations d'Hospitex International.

Pour eux, "cela témoigne de l'importance de combiner l'expertise de nos sociétés pour devenir un leader intégré du diagnostic du cancer, et nous sommes impatients de finaliser l'opération d'acquisition".

 

 

Source : optionfinance.fr, le 19 février 2024.

18 février 2024

La nomination controversée du juge Ivan Turudić

Croatie: manifestation à Zagreb contre le gouvernement et la corruption

 

 

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté samedi à Zagreb, la capitale croate, à l’appel de l’opposition qui réclame la tenue immédiate d’élections législatives, accusant les dirigeants de corruption.

La manifestation « Ça suffit ! Aux élections maintenant ! » a été organisée par onze partis d’opposition de gauche pour protester contre la récente nomination d’un juge de haut rang au poste de procureur général de l’Etat. Cette nomination a suscité une controverse en raison des liens présumés du magistrat avec des suspects de corruption.

Le juge Ivan Turudic, soutenu par le gouvernement conservateur et nommé par les députés au début du mois, a rejeté à plusieurs reprises les allégations concernant ses liens avec des suspects de corruption.

Sa nomination est « la goutte d’eau qui fait déborder le vase… le gouvernement n’a plus aucune légitimité et doit partir », a déclaré  Sandra Bencic, députée du parti Mozemo (« Nous pouvons » en croate, ndlr).

La Croatie doit organiser des élections législatives d’ici au 22 septembre, mais leur date n’a pas encore été fixée.

Les manifestants se sont rassemblés sur la place Saint-Marc dans la vieille ville de Zagreb, où sont situés les bâtiments du gouvernement et du Parlement, ainsi que dans les rues adjacentes.

 

 

Source : al24news.com, le 17 février 2024.

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La Croatie diverse (suite)
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