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La Croatie diverse (suite)
1 mars 2021

Alojzije Stepinac

1. Le cas du cardinal Stepinac divise encore


 

 

Les orthodoxes serbes acceptent de discuter avec l’Église catholique du cas du cardinal Stepinac pendant la seconde guerre mondiale. Une commission de dialogue va être mise en place. Béatifié en 1998 et en voie d’être canonisé, l’archevêque de Zagreb fut accusé par le gouvernement communiste yougoslave de Tito, auquel il s’était opposé, d’avoir collaboré avec le régime pronazi des oustachis, un régime violemment antiserbe et antisémite. Si pour l’Eglise catholique sa sainteté ne suscite aucun doute, son rôle est toujours contesté par les Serbes. Début mai, l’actuel archevêque de Zagreb a invité les évêques orthodoxes serbes à mettre en place un comité scientifique international chargé d’organiser le 24 novembre prochain un colloque sur les relations entre le cardinal Stepinac et les Serbes de Croatie, particulièrement dans le contexte de la Seconde guerre mondiale. Les évêques orthodoxes serbes ont accepté.

La diplomatie consiste souvent dans l’art de forcer le hasard : le 18 février 2021, alors que l’église autocéphale serbe élisait son nouveau patriarche, le nonce apostolique en Croatie, Mgr Giorgio Lingua, rendait un hommage appuyé à l’ancien cardinal-archevêque de Zagreb, Mgr Alojzije Stepinac, un prélat autant adulé en Croatie que honni en Serbie.

Figure emblématique de l’épiscopat croate, le cardinal Stepinac (1898-1960) est admiré dans son pays pour avoir défendu les populations persécutées sous l’occupation nazie.

Une version que ne partage pas la Serbie : du côté de Belgrade, à l’inverse, le haut prélat est accusé d’avoir collaboré avec l’occupant à des crimes de guerre visant les populations serbes.

Autant dire que les paroles prononcées par le nonce le 18 février 2021 ont eu un écho remarqué, alors que l’entretien accordé à Vatican News par le diplomate romain, intervenait peu après que ce dernier eut été reçu en audience par le Saint-Père.

« J’ai été très impressionné, je dois le dire, par la figure de ce bienheureux prélat que les Croates considèrent comme leur père, et je comprends leur impatience de le voir élevé sur les autels », a déclaré Mgr Lingua.

Le nonce en Croatie de reprendre la sémantique fréquemment utilisée par le pape argentin, afin de brosser le portrait de l’évêque idéal : « Stepinac, tel un berger, était imprégné de l’odeur de son troupeau, il était proche de son peuple, et voyait l’Eglise comme un hôpital de campagne, retroussant ses manches pour faire tout son possible afin d’accueillir les pauvres et les réfugiés. »

En bonne logique, Mgr Lingua – qui, en sa qualité de nonce, a notamment pour mission de présenter des candidats à l’épiscopat – conclut : « le profil de l’évêque idéal, c’est le cardinal Stepinac qui l’incarne à mes yeux ». On ne saurait être plus clair.

Une intervention qui advient au moment où est choisi le nouveau chef de file de la confession autocéphale serbe.

Conformément à la coutume, les noms de trois candidats élus à la majorité simple ont été scellés dans des enveloppes placées dans un évangile. Un moine « orthodoxe » a alors tiré l’une des enveloppes, désignant ainsi le nouveau patriarche.

L’élu, jusqu’ici métropolite de Zagreb, est un soutien du président serbe, Aleksandar Vucic : le hasard fait souvent bien les choses…

L’élection du chef de file de l’église « orthodoxe » serbe survient dans un contexte politique tendu : la Serbie et le Kosovo sont mis sous pression par le président américain Joe Biden et par l’Union européenne. Ces derniers demandent la reprise du dialogue sur la normalisation de leurs relations, treize ans après l’indépendance de ce territoire que Belgrade ne reconnaît toujours pas.

De plus, en ce qui concerne une possible canonisation de Mgr Stepinac, le patriarcat serbe a écrit au pape François dès 2014, réaffirmant son opposition de principe à ce projet.

Afin de désamorcer le conflit, de juillet 2016 à juillet 2017, une commission œcuménique d’historiens serbo-croates – dont a fait partie le nouveau patriarche serbe – a été mise sur pied par le pape François, afin de parvenir à une réhabilitation de la figure du cardinal Stepinac : en vain.

« Je suis serbe, mais avant tout chrétien », a assuré dans un but d’apaisement, le patriarche Porphyre, dans la foulée de son élection : dans ce terrain miné par des oppositions qui plongent leurs racines loin dans le passé, les diplomates du Vatican ont encore fort à faire sur le dossier serbe.

 

Archevêque de Zagreb en 1937, Mgr Stepinac s’était tout de suite montré favorable à la création en 1941 de l’État indépendant de Croatie, par les puissances de l’Axe lors de l’invasion de la Yougoslavie. Ses détracteurs soulignent sa complaisance vis-à-vis du régime oustachi. Ses défenseurs rappellent que, dès 1942, Mgr Stepinac avait rappelé en chaire que l’Église catholique  condamne toute injustice et violence au nom des théories de classe, de race ou de nationalité et qu’il avait rejeté la persécution des Juifs et des Tsiganes. En mars 1945, il avait également écrit au gouvernement oustachi une lettre dénonçant la persécution des Serbes.

Condamné à 16 ans de travaux forcés, il fut libéré au bout de 5 ans et assigné à résidence. Créé cardinal en 1952, il mourut à Zagreb en 1961. Jean-Paul II l’a béatifié comme martyr, suscitant l’incompréhension des serbes et des juifs. La semaine dernière, le cardinal Koch, président du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens s’est rendu à Belgrade où il a rencontré le président serbe et le patriarche orthodoxe Irénée, tandis que le Pape François a reçu la présidente croate au Vatican. (Avec La Croix)

 

 

Source : fr.radiovaticana.va, le 2 juin 2015.

 

 

 

 

2. Annulation de la condamnation en 1946 d'un prélat pour collaboration avec les nazis

 

Un tribunal de Zagreb a annulé vendredi la condamnation il y a 70 ans du cardinal Alojzije Stepinac, qui avait été condamné par le pouvoir communiste yougoslave pour collaboration avec le régime pro-nazi croate.

 

Cet archevêque, mort il y a plus de 50 ans, avait néanmoins été béatifié en 1998 par Jean Paul II, au nom de sa lutte contre le communisme.

 

Pour la justice croate, sa condamnation en 1946 à 16 ans de prison était le fruit d'un "procès politique". Il avait été "privé d'un procès équitable", a expliqué le juge Ivan Turudic, cité par l'agence officielle Hina.

 

La révision du verdict avait été réclamée par un neveu du cardinal.

 

Après cinq ans derrière les barreaux, le cardinal, qui rejetait les accusations selon lesquelles il avait agi "contre le peuple et l'Etat", avait été placé en résidence surveillée. Il est mort en 1960 à 61 ans.

 

Stepinac fait l'objet de controverses pour son rôle ambigu à l'époque du régime pro-nazi oustachi, pendant la Seconde guerre mondiale. 

 

Très populaire, il est la figure identitaire de nombreux catholiques croates, et certains réclament sa canonisation. Près de 90% des 4,2 millions de Croates sont catholiques.

 

Sa béatification avait suscité de nombreuses critiques de la part de ceux qui accusent Stepinac d'avoir été timoré, voire complice du régime pro-nazi qui s'est rendu responsable d'exterminations massives de Serbes et de Juifs. 

 

Selon l'Eglise catholique croate, Stepinac s'est ouvertement élevé contre les persécutions du régime oustachi, ses sermons datant de la guerre en étant la preuve.

 

Selon des historiens indépendants, le cardinal a salué la mise en place de l'Etat indépendant croate (NDH) pro-nazi. Mais, plus tard, dans ses discours, ses sermons ou ses lettres aux dirigeants du régime, il a protesté contre la politique de violence et d'intolérance raciale. 

 

Dans une lettre récente citée par la presse, le patriarche de l'église orthodoxe serbe, Mgr Irinej a prié le pape François de laisser la canonisation de Stepinac "au jugement infaillible de Dieu". 

 

Le Vatican a mis récemment en place une commission interreligieuse, composée de prélats catholiques et orthodoxes, avec mission d'analyser le comportement du cardinal pendant la guerre.

 

 

Source : lexpress.fr, le 22 juillet 2016.

 

 

3. La figure du cardinal Stepinac, enjeu diplomatique

 

 

La diplomatie consiste souvent dans l’art de forcer le hasard : le 18 février 2021, alors que l’église autocéphale serbe élisait son nouveau patriarche, le nonce apostolique en Croatie, Mgr Giorgio Lingua, rendait un hommage appuyé à l’ancien cardinal-archevêque de Zagreb, Mgr Alojzije Stepinac, un prélat autant adulé en Croatie que honni en Serbie.

Figure emblématique de l’épiscopat croate, le cardinal Stepinac (1898-1960) est admiré dans son pays pour avoir défendu les populations persécutées sous l’occupation nazie.

Une version que ne partage pas la Serbie : du côté de Belgrade, à l’inverse, le haut prélat est accusé d’avoir collaboré avec l’occupant à des crimes de guerre visant les populations serbes.

Autant dire que les paroles prononcées par le nonce le 18 février 2021 ont eu un écho remarqué, alors que l’entretien accordé à Vatican News par le diplomate romain, intervenait peu après que ce dernier eut été reçu en audience par le Saint-Père.

« J’ai été très impressionné, je dois le dire, par la figure de ce bienheureux prélat que les Croates considèrent comme leur père, et je comprends leur impatience de le voir élevé sur les autels », a déclaré Mgr Lingua.

Le nonce en Croatie de reprendre la sémantique fréquemment utilisée par le pape argentin, afin de brosser le portrait de l’évêque idéal : « Stepinac, tel un berger, était imprégné de l’odeur de son troupeau, il était proche de son peuple, et voyait l’Eglise comme un hôpital de campagne, retroussant ses manches pour faire tout son possible afin d’accueillir les pauvres et les réfugiés. »

En bonne logique, Mgr Lingua – qui, en sa qualité de nonce, a notamment pour mission de présenter des candidats à l’épiscopat – conclut : « le profil de l’évêque idéal, c’est le cardinal Stepinac qui l’incarne à mes yeux ». On ne saurait être plus clair.

Une intervention qui advient au moment où est choisi le nouveau chef de file de la confession autocéphale serbe.

Conformément à la coutume, les noms de trois candidats élus à la majorité simple ont été scellés dans des enveloppes placées dans un évangile. Un moine « orthodoxe » a alors tiré l’une des enveloppes, désignant ainsi le nouveau patriarche.

L’élu, jusqu’ici métropolite de Zagreb, est un soutien du président serbe, Aleksandar Vucic : le hasard fait souvent bien les choses…

L’élection du chef de file de l’église « orthodoxe » serbe survient dans un contexte politique tendu : la Serbie et le Kosovo sont mis sous pression par le président américain Joe Biden et par l’Union européenne. Ces derniers demandent la reprise du dialogue sur la normalisation de leurs relations, treize ans après l’indépendance de ce territoire que Belgrade ne reconnaît toujours pas.

De plus, en ce qui concerne une possible canonisation de Mgr Stepinac, le patriarcat serbe a écrit au pape François dès 2014, réaffirmant son opposition de principe à ce projet.

Afin de désamorcer le conflit, de juillet 2016 à juillet 2017, une commission œcuménique d’historiens serbo-croates – dont a fait partie le nouveau patriarche serbe – a été mise sur pied par le pape François, afin de parvenir à une réhabilitation de la figure du cardinal Stepinac : en vain.

« Je suis serbe, mais avant tout chrétien », a assuré dans un but d’apaisement, le patriarche Porphyre, dans la foulée de son élection : dans ce terrain miné par des oppositions qui plongent leurs racines loin dans le passé, les diplomates du Vatican ont encore fort à faire sur le dossier serbe.

 

 

Source : fsspx.news, le 1er mars 2021.

 

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